Le sens des traditions

Recevoir l'héritage de ceux qui ont durement oeuvré dans le passé, le faire sien en ce qu'il a d'essentiel et de permanent pour s'ouvrir aux perspectives de l'avenir, c'est ainsi que les Chasseurs à Pied, épris d'efficacité et de souvenant d'avoir été créés dans un but d'innovation, conçoivent l'esprit des traditions.

Car la Tradition est d'abord fidélité à un esprit : un souffle qui anime et force à avancer.

Définie par le maréchal Lyautey en termes biens connus, la tradition des Chasseurs est l'adhésion aux règles de sincérité, d'allant, d'élégance et d'amitié qui nous donnent notre style et dessinent notre image de marque.

Elle se caractérise par une certaine manière d'être, spontanée, généreuse, décidée ; une certaine façon d'aborder la vie et ses problèmes : ne pas se satisfaire de ce dont les autres se contentent, faire face et aller de l'avant, prendre des risques et accepter ses responsabilités ; une certaine conception enfin des relations de commandement et de subordination faisant de l'exigence sa règle et se fondant sur la confiance ancrée dans la certitude de la fidélité de chacun à son devoir et sur le respect que se doivent les hommes conscients d'être membres d'un même Corps.

Ainsi comprise, la tradition des Chasseurs est terriblement exigeante face aux tentations de routine et de médiocrité.

Les Chasseurs ressentent donc d'abord la nécessité d'attester de la volonté d'exister en tant que Chasseur, avec les obligations particulières, non pas pour s'opposer en se différenciant, mais en se révélant pour marquer notre personnalité et notre fierté de se distinguer. C'est pourquoi, aux facilités de l'anonymat dans l'uniformité, les Chasseurs préfèrent les exigences des traditions et veillent à les vivifier comme moyens de s'affirmer pour ce que nous sommes et comme signe d'identification permettant de se connaître et de se reconnaître.

Tous unis parce que nous avons porté un écusson à Cor de Chasse, derrière notre unique Drapeau, nos Fanions, notre tenue bleue et le chant de La Sidi-Brahim sont les symboles de notre unité.

Le chant de La Protestation nous rappelle que notre existence a été très tôt contestée et que c'est par la vitalité, la cohésion et la valeur de nos Anciens que notre personnalité a été reconnue.

Nos coutumes, notre vocabulaire, dans un mode mineur, certes, mais cependant significatif, témoignent dans la vie de tous les jours, de notre volonté d'être nous-mêmes.

Le terme « chasseurs »

Ce terme désigne traditionnellement les troupes légères.

Il apparaît pendant la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748). Les « Chasseurs de Fischer », sous les ordres du Maréchal de Saxe et appréciés du Roi, sont officiellement admis dans les rangs de l'armée royale française en 1743.

Par la suite, ce corps donne naissance aux bataillons de chasseurs à pied et aux chasseurs à cheval de l'Ancien régime. Après la révolution, l'Empire recrée 2 régiments de chasseurs à pied dans la Vieille Garde et 2 dans la Jeune Garde qui disparaîtront à la Restauration.

L'esprit chasseur

Difficile à décrire avec de simples mots car « L'esprit chasseur » s'est forgé au long de l'histoire.

Créé avant tout dans un but opérationnel, ce Corps a dès le début mis en avant la solidarité, l'amitié, le goût de l'initiative, la rapidité dans l'exécution et aller au-delà du « juste devoir ».

Remarqué par le général Lyautey en 1913, au Maroc, qui rédigea une lettre en 1930 pour mettre à l'honneur les Chasseurs, et par nombre de grands noms, les Chasseurs ont toujours eu à coeur de faire connaître leurs manières d'être et de faire.

Le drapeau des chasseurs

Les chasseurs à pied reçurent leur premier emblème le 4 mai 1841 dans la cour du Carrousel à Paris, des mains du Roi des Français, Louis-Philippe. À son avers il portait en lettres d'or : " Le Roi des Français aux bataillons de chasseurs à pied ".

Ce fut le 2^e bataillon, en garnison à Vincennes, qui en reçut la garde. Les 10 bataillons de chasseurs existants étaient présents sous le commandement de leur créateur et inspecteur, le Duc d'Orléans, fils aîné du Roi.

... et c'est ainsi que fut créée la Tradition.

Le fanion du 1er BCP

En saluant notre fanion, nous saluons à la fois le seul et unique drapeau des Chasseurs auquel le Premier a valu sa Médaille militaire et l'emblème particulier de notre Corps, dont les décorations témoignent de la valeur de ceux qui nous ont précédés sous son numéro.

Il est l'objet d'honneurs réglementaires : la sonnerie du refrain du bataillon, suivie du refrain de la Sidi-Brahim.

Contrairement aux autres bataillons, le fanion est surmonté d'un coq en bronze argenté en remplacement d'un cor numéroté.

La tenue

La tenue des Chasseurs a relativement peu changé depuis leur création comparativement à ce que fut l'évolution des soldats des autres armes.

Depuis 1946, la tenue « chasseurs » est un signe distinctif pour ce corps singulier. Elle est composée :

• d'un pantalon bleu foncé avec passepoils jonquille ;
• d'une veste bleue foncé avec boutons argentés ;
• de galons blancs pour les officiers et sous-officiers, jonquille pour les militaires du rang ;
• d'un cor argenté sur les fourreaux d'épaules ;
• d'un képi de velours noir ;
• d'un béret noir (depuis 1997).

La tenue de tradition, aujourd'hui appelée « Solferino » se porte toujours avec respect puisqu'elle est le reflet de la fidélité aux origines.

Le vocabulaire

Comme tous les groupes à forte personnalité, les Chasseurs ont, depuis très longtemps, manifesté la leur par l'emploi d'un certain nombre de règles de vocabulaire qu'il est impropre de ne pas appliquer lorsqu'on parle de cette subdivision d'Arme.

Voici quelques exemples :

- on évoque jamais un « ancien chasseur » car on ne cesse jamais de l'être ;

- le terme de « régiment » n'a jamais lieu d'être employé avec le mot « chasseur » car, de tous temps, leurs formations n'ont été rassemblées qu'en « bataillon » ou « groupe » ou « demi-brigade », mais jamais en « régiment ».

La Sidi-Brahim

Cette appellation correspond à la date de la célébration de la bataille de Sidi-Brahim qui s'est déroulée en Algérie du 23 au 26 septembre 1845 entre les troupes françaises et celles d'Abd El Kader. Elle dura 3 jours et 3 nuits et se solda par une victoire algérienne.

C'est en 1878, trente-trois ans après le combat du 8^e Chasseurs d'Orléans, que l'ensemble des chefs de corps, présents au camp de Châlons pour des expériences de tir, se réunirent et terminèrent ainsi le procès-verbal de leur assemblée :

Le baptême « Chasseur »

La tradition du « Baptême Chasseur » est courante dans les bataillons depuis la Grande Guerre.

Le but essentiel de cette cérémonie, amicale mais cependant exigeante, est de consacrer Chasseur ceux qui ne l'ont encore jamais été.

En dehors de sa signification symbolique d'entrée dans la famille des Chasseurs, cette coutume participe à l'ambiance d'un Corps et constitue une façon précise et efficace de maintenir et de transmettre les traditions.