L'esprit chasseur
« L'esprit chasseur » s'est forgé au long de l'histoire. De nombreux auteurs, chasseur ou non, en ont traité.
La solidarité ou l'esprit d'équipe, le sens de la responsabilité, l'amitié, le goût de l'initiative, aller au-delà du « juste devoir », la rapidité dans l'exécution, voilà déjà les grandes lignes tracées.
De nos jours, il reste, comme bases de l'esprit des chasseurs, ce qui rassemble, leur Drapeau, et ce qui les différencie, leur tenue et leurs traditions.
Un but opérationnel
En 1840, après la prise de décision créer 10 bataillons de chasseurs à pied, le Duc d'Orléans tint ce discours :
« C'est à la fois entrer dans l'esprit de la guerre nouvelle et développer les qualités de la race française que de donner à l'infanterie une organisation qui augmente l'influence de l'action individuelle des hommes sur le résultat général obtenu par la masse...
La victoire est à celui qui arrive le plus vite et dont le choc est le plus promptement destructeur. »
Un dessein
Transcrit un peu plus tard par le colonel Payard, en 1930, ce dernier écrit dans son livre dédié aux chasseurs à pied :
« Le Duc d'Orléans, leur créateur, en a fait des êtres d'exception recrutés, dressés et vêtus autrement que les autres, pourvus d'une indépendance qui supprimait ce que l'on a appelé la cascade des échelons hiérarchiques et qu'ils ont chantée avec complaisance dans leur refrain guerrier.
Ce sont de petites tribus, serrées toutes autour de leur unique Drapeau et chacune autour de leur Fanion et de son chef : le commandant... ».
Des caractères
En 1913, le général Lyautey, au Maroc, est frappé par le caractère des troupes qu'il commande et notamment en constatant l'activité des 7e et 14e BCA qui furent mis sous ses ordres pendant 2 ans :
« L'expérience faite depuis un an dans des conditions exceptionnellement concluantes en raison des rudes campagnes menées dans un pays des plus difficiles aux Beni M'Tir, au Sud de Mogador, au Tadla, contre un adversaire de premier ordre, a fait ressortir avec éclat la valeur et l'instruction de ces unités formées à bonne école, entièrement dans la main de leurs chefs et rompues à la manoeuvre...
Il s'est donc produit ceci, c'est que, depuis un an, ce sont les deux bataillons de Chasseurs alpins qui, l'un au Nord, l'autre au Sud du Maroc, ont servi d'étalon d'exemple et de stimulant aux autres troupes blanches et on acquis très rapidement - et ceci est capital - une véritable légende aux yeux des Marocains. »
Des résultats
En 1930, le maréchal Franchet d'Esperey s'exprime ainsi :
« Ah, qu'il connaissait bien les français celui qui a imaginé, pour créer chez nous une troupe d'élite, de la différencier tout d'abord des autres, fût-ce par des minimes signes extérieurs...
Ce qui est vrai pour la tenue l'est aussi par mille détails du service. Que de sarcasmes ont été prodigués à nos camarades de "l'Arme bleue" pour leurs petites manies de singularité ! C'est pourtant à de tels moyens transmis, répétés, codifiés qu'ont été dues ces belles unités universellement admirées... ou enviées. »
Des opposants
En 1872, en 1887 et à d'autres périodes de l'histoire, il y a bien évidemment eu des opposants à l'existence des Chasseurs ou de leurs particularités de tenue et de traditions qui ont été menacées :
Certes au long de leur histoire, les Chasseurs ont vu s'estomper - ou se généraliser - beaucoup de traits caractéristiques qui faisaient leur originalité.
Mais avec leur tenue bleue et tout ce qui la sublime, l'esprit est resté, au point que le prestige de leur nom a incité des unités de nouvelle formation à l'adopter à leur tour :
De nos jours
Ce qu'il reste : l'amour propre est l'image de marque.
Ce sont sans doute là les ressorts essentiels qui font qu'il y a effectivement un « style chasseur » qui est refus de la médiocrité, de l'à-peu-près, du laisser-aller ; style de commandement, dans l'accomplissement du devoir journalier, dans la manière de vivre et de se comporter avec les autres.
Ce style si caractéristique n'est que le fruit et le reflet de « l'esprit chasseur ». En 1930, sur demande de la Fédération des Anciens Chasseurs à Pied, le maréchal Lyautey, en son château de Thorey en Lorraine, voulut bien leur en donner une définition lapidaire qui correspondant à l'idée qu'il s'en était fait tout au long de sa carrière, et particulièrement lorsqu'il eut sous ses ordres, au Maroc, en 1912, les 7e et 14e BCA. Les termes de cette page étincelante, dédiée aux Chasseurs à Pied par cet illustre cavalier, sont, depuis maintenant plus d'un demi-siècle, connus et cultivés dans nos bataillons où ils ont, pour tous, force de directives.
L'esprit chasseur ? Mais c'est justement
ce qu'en d'autres termes j'ai toujours prôné.
C'est d'abord l'esprit d'équipe, "de mon équipe" ;
C'est la rapidité dans l'exécution de gens
qui "pigent" et qui "galopent ;
C'est l'allant, c'est l'allure, c'est le "chic" ;
C'est pour les chefs le sens social dans le
Commandement, c'est l'accueil aimable ;
C'est servir avec le sourire - la discipline
qui vient du coeur ;
C'est le dévouement absolu qui sait aller,
Lorsqu'il le faut jusqu'au sacrifice Total.
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