L'histoire du Camp de Mailly et du CENTAC

Le « Camp de Mailly » est situé à l'Est de la commune de Mailly-le-Camp, sur les départements de l'Aube et de la Marne, la ville est connue pour abriter un grand camp militaire depuis le début du XXe siècle.

Carte postale que l'on trouvait dans les bazars militaires

SOUVENIR

DE

MAILLY LE CAMP

Création du Camp à 1914

Dès 1892, la région de Mailly, située à 150 km à l’est de Paris, retient l’attention du quartier général de l’armée pour sa situation géographique propice aux manœuvres et son intérêt stratégique. C’est initialement un camp d’été avec une capacité d’hébergement de 12 000 hommes.

Le 2 juillet 1902 retentit le 1er coup de canon saluant symboliquement le début de ce que sera l'activité du nouveau grand camp militaire.

Les années suivantes donnent à celui-ci une solide structure d'accueil pour les nombreux régiments en manoeuvre. Son importance va marquer la commune de Mailly qui obtient l’appellation de Mailly-le-Camp par un décret du président de la République en date 29 décembre 1905.

En 1912, l'aviation naissante y fait son apparition car on songe sérieusement à lui trouver des applications militaires. Un emplacement, au Sud du camp, permet bientôt d'assurer l'atterrissage et l'abri des « aéroplanes ». Une escadrille qui prend le nom « Escadrille du Camp-de-Mailly » est constituée et placée sous les ordres du capitaine Bordage. Elle réalise des vols d'entraînement et exécute les réglages d'artillerie ; elle devient l'oeil du canonnier. Les toutes premières expériences de bombardement aériens sont tentées avec pour projectiles des bidons à essence remplis d'eau que l'on lance au jugé. Les résultats seront peu concluants.

Il faut noter également qu'en 1913, le fameux canon de « 75 », fierté nationale, est présenté en action au ministre de la Guerre, monsieur Étienne accompagné du général Joffre, le futur vainqueur de la Marne.

Cartes postales des bivouacs de Mailly avant 1914

Septembre 1914 à 1945

Lors de la bataille de la Marne en septembre 1914, les pointes allemandes atteignent la crête du Mont Clavet, située sur le terrain de manoeuvre, mais doivent se replier au nord du camp quelques jours plus tard après de violents combats contre les troupes françaises appuyées par les feux du 62e Régiment d’artillerie de campagne installé sur les Monts-Marains, également sur le terrain de manoeuvre. Le 9 septembre, des dégâts sont occasionnés aux installations militaires et au village par la chute d'engins incendiaires.

En 1918, le char de combat voit le jour, ses mouvements lents et encore maladroits trouvent à Mailly-le-Camp le terrain idéal pour son expérimentation.

L'entre-deux-guerres est propice aux premiers rapprochement entre les armées de l'Air et de Terre qui cherchent un moyen d'unir leur action. C'est également à cette période que les premières liaisons par « télégraphie sans fil » (TSF) sont tentées mais la qualité n'est pas au rendez-vous.

1939 voit arriver un flot de mobilisés ; le pays s'installe une nouvelle fois dans la guerre. L'occupation allemande conserve une grande activité militaire sur le camp, notamment pour les unités de Panzer qui viennent s'entraîner aux futures conquêtes d'Afrique et de Russie.

Dans la nuit du 3 au 4 mai 1944 l’infrastructure du camp est entièrement détruite par les 1500 tonnes de bombes larguées au cours d’un raid de bombardement d’environ 380 appareils de la Royal Air Force (RAF) Britannique destiné à anéantir les formations blindées signalées au camp depuis le mois d’avril. Les pertes sont sévères des deux côtés : 44 appareils et 250 aviateurs anglais abattus et près de 400 soldats allemands tués ou blessés. Le bombardement épargne le village de Mailly mais endommage les villages environnants et cause de nombreux morts parmi la population civile.

En août 1944, le bataillon allemand de chars lourds 503 se familiarise avec ses nouveaux chars « Tigres Royaux ».

Les lendemains de la Guerre

Au lendemain de la guerre, le « Camp de Mailly » redevient un espace privilégié pour l'entraînement de l'armée de Terre française.

En 1952, les américains créent le « Centre d'instruction pour blindés » (CIB puis CIEB, centre d’instruction pour engins blindés) logé dans quelques bâtiments encore debout, qui passera bientôt sous commandement français. En 1955 s'installe le Centre d'instruction missiles (CIM) et, en 1960, le Centre de préparation aux brevets d’armes de l’ABC (Arme blindée et cavalerie).

Le camp est aussi utilisé pour les essais de nombreux armements ou nouveaux blindés. Après 1962, les brigades viennent de plus en plus nombreuses manœuvrer à Mailly, et un plan de rénovation du camp est établi en 1963 ; de même, en 1964, les travaux de construction d'un casernement neuf destiné au « Centre de perfectionnement des cadres et de l'instruction des tireurs » (CPCIT) débutent.

En 1973, le 3e Régiment d’artillerie (3e RA) et le 1er Groupe de soutien de l’artillerie nucléaire remplacent au quartier de Sénarmont le CPCIT qui s’établit au camp de Canjuers. Le 3e RA est le premier régiment d’artillerie à être équipé du système d’arme nucléaire tactique français « Pluton ». Durant cette période, le camp sert à diverses reprises pour des expérimentations importantes :

  • mise au point des missiles antichars SS10, SS11, Milan, Hot ;
  • tirs du nouveau mortier lourd de 120 mm ;
  • essais comparés des chars de bataille AMX30B français et Léopard allemand.

Naissance du CENTAC

Au début des années 90, la vocation du site de Mailly-le-Camp s’oriente vers la simulation, en tirant le bénéfice des expériences acquises par les forces dans les centres de l’OTAN : 1993 voit la dissolution du 3e RA et, suite aux réflexions engagées après la Guerre du Golfe (1990-91), la création du « Centre expérimental d’entraînement au combat » (CENTEX), transformé en 1996 en « Centre d’entraînement au combat » (CENTAC). Face à une force adverse, dans un contexte interarmes – et aujourd’hui interarmées, avec l’implication d’aéronefs de l’armée de l’air et de l’aéronavale –, les unités entraînées mettent en œuvre la totalité de leurs moyens et mesurent les conséquences directes de leurs choix ou de leurs actions.

Créé en 1997, le « Centre de préparation des forces » (CPF), centre national dédié à l’entraînement des forces terrestres et à leur préparation avant un engagement opérationnel, a pour mission de préparer les postes de commandement et les unités de combat à remplir leurs missions dans des situations de guerre complexes, au caractère interarmées et multinational marqué. Il s’appuie, pour cela, sur les facilités offertes par le camp de Mailly et le CENTAC ainsi que le « Centre d’entraînement des postes de commandement » (CEPC). Ainsi, en moins d’une décennie, ce camp de Champagne a perdu son image traditionnelle pour adopter celle d’un outil moderne, désormais indispensable à la préparation d’une armée de terre professionnalisée.

Les dépositaires des traditions

Le 32e Groupement de camp, dépositaire depuis 1984 des traditions du 62e Régiment d’artillerie d’Afrique, devient en 2002 dépositaire des traditions du 3e Régiment d’artillerie et gardien de son étendard, et prend l’appellation de « Groupement de camp de Mailly ».

Il est dissous en 2006 et ses fonctions reprises par le CENTAC qui absorbe ses deux unités de force adverse et sa batterie de commandement et de logistique. À cette date :

  • les traditions du 5e Régiment de Dragons sont confiées à la garde du CENTAC ;
  • celles du 3e RA à celle du CEPC ;
  • celles du 94e Régiment d'Infanterie à celle du « Centre d’entraînement en zone urbaine » (CENZUB) de Sissonne.

Le 1er juillet 2016, afin d'intégrer le format « Au Contact » de l'armée de Terre française, le CENTAC, anciennement dépositaire des traditions du 5e Régiment de Dragons, reprend celles du « 1er Bataillon de Chasseurs ». Il devient « Centre d'entraînement au combat - 1er Bataillon de Chasseurs ».

Le 1er janvier 2019, il reprend l'appellation de 1er Bataillon de Chasseurs à Pied et devient :

« Centre d'entraînement au combat - 1er Bataillon de Chasseurs à Pied » (CENTAC - 1er BCP)

Pour en savoir plus

Quelques Images

Découvrez ci-dessous quelques cartes postales représentant diverses scènes de l'ancien Mailly. Vous pouvez vous procurer des versions originales chez l'éditeur : AMT Collection

Carte postale de la gare de Mailly © A. Nieps

Image 1 sur 6

Carte postale d'un canon de 75mm contre avion © A. Nieps

Image 1 sur 8

Carte postale d'un char prêt à partir © A. Nieps

Image 1 sur 3

Carte postale de mitrailleurs en manoeuvres © A. Nieps

Image 1 sur 3

Carte postale de l'Hôpital © A. Nieps

Image 1 sur 3

Des Cartes écrites

Beaucoup moins utilisées depuis l'avènement du téléphone portable, la carte postale était le moyen usuel pour communiquer

Carte postale de Mailly écrite à un copain

Mon vieux ******

Tu verras sur la porte de cette locomotive mon cabo de

chambre avec lequel nous faisons de rudes parties de polochon.

Tu m'excuseras si je n'ai pas

répondu plus tot à ta charmante

carte. J'étais en perme à Paname

et c'est en rentrant que j'ai trouvé

ta carte. Je t'envoie mes meilleurs

voeux de bonheur et de bonne santé

et surtout vivement cette blasse

que nous désirons tous ardemmant

à bientôt ** ** bonnes nouvelles

Ton copain qui te la serre

*rri Deshaire

Carte postale

Cher Jean

Je profite du jour de repos que nous avons eu aujourd'hui

samedi pour t'envoyer une carte, ce jour de repose nous le

devons au médecin major c'est lui qui l'a réclamé pour

le régiment nous l'avons bien mérité et nous en avions bien

de besoin. Il a plui tout le matin aujourd'hui le temps ne peut

pas se mettre au beau il doit en être de même à St Julien.

Nous voyons tous les jours des aéroplanes, jeudi il en avait

8 ensemble dans les airs c'était admirable, le même

jour nous avons vu un ballon dirigeable il a passé 3 fois

au-dessus de nous.

Ton frère qui te chérit

Jules Vernon

10 Aube

Carte postale

O**** mon cher petit

Je viens d'envoyer un baiser

du camp de mailly ou je me

trouve en ce moment je t'ammenerais

un petit **** en revenant

ton papa qui ne t'oublie pas

*******

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