Monument à Pol Lapeyre
Le monument représente Pol Lapeyre au moment où il donne l’ordre de faire sauter son poste avancé. L’artiste a su rendre la détermination du jeune officier dans l’expression de son visage et le geste impérieux qu’il esquisse.
Présentation
Auteur d’origine : Paul Moreau-Vauthier (1871-1936)
Auteur du monument actuel : Gaston Petit (1890-1984)
Titre d’origine : Monument à Pol Lapeyre
Date d’origine : 1832
Date de modification : 1851
Matériau : Calcaire
Dimensions : 500 (H) x 200 (L)
N° d’inventaire : /
Lieu de conservation : Saint-Cyr-l’École, parc du Lycée militaire de Saint-Cyr
Inscriptions
- À la base du socle : Plutôt mourir (flanqué de deux ancres des Troupes coloniales)
- Sur le devant de la terrasse : Le 14 juin 1925 / submergé par le flot ennemi / a fait sauter son poste / plutôt que de se rendre
- Sur le côté droit de la terrasse : Gaston Petit / Lapeyre Pol, Sous-lieutenant au 5ème régiment de Tirailleurs sénégalais, commandant le poste de Beni-Derkoul, a tenu en échec pendant 61 jours un ennemi ardent et nombreux, a conservé jusqu’au dernier jour un moral superbe, sans une plainte, sans un appel à l’aide.
- Sur le côté droit de la terrasse : ensevelissant à la fois sous ses ruines, les restes de sa garnison et les assaillants / Pol Lapeyre mérite que son nom soit inscrit au livre d’or de l’armée comme un exemple de l’esprit du devoir et du sentiment de l’honneur poussés jusqu’au sacrifice. Citation à l’ordre de l’armée.
- Sur le socle de la statue : Pol Lapeyre / 1903-1925 / promotion du Souvenir / 1921-1923
- Au dos du monument : Ce monument inauguré en 1951 / remplace celui qui érigé en 1932 / fut détruit en 1944 par des bombardements aériens.
Historique de l’oeuvre
Un premier monument à Pol Lapeyre avait été érigé en 1931 par Paul Moreau-Vauthier à Saint-Cyr-l’École dans la cour Wagram. Détruit lors du bombardement allié de 1944, seule une pierre a été retrouvée lors de travaux effectués en 2014, l’aspect d’origine étant connu par quelques cartes postales et photographies prises avant 1944. Le monument actuel a été inauguré en 1951 à quelques dizaines de mètres de l’emplacement initial de l’œuvre d’origine, dont la composition était moins monumentale.
Le personnage
Ancien élève du Prytanée national militaire de La Flèche, Pol Lapeyre (1903-1925) est admis à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr en 1921 (promotion du Souvenir, 1921-1923). À l’issue de sa scolarité, il intègre le 22e régiment d’infanterie coloniale à Marseille avant de passer au 5e régiment de Tirailleurs sénégalais (5e RTS) au Maroc. Affecté avec sa section au poste avancé de Beni Derkoul, qu’il transforme en fortin, il résiste à un siège de 61 jours à la tête de ses 38 hommes face à un millier de combattants. Le 14 juin 1925, sa section ne comptant plus que cinq hommes et après une ultime résistance, il fait sauter son poste afin de ralentir l’assaut adverse et de permettre aux troupes françaises de gagner du temps. Pol Lapeyre est nommé au grade de lieutenant et décoré de la Légion d’honneur et de la Croix de Guerre à titre posthume. Son héroïsme lui vaut également une citation à l’ordre de l’Armée :
Lapeyre Pol, sous-lieutenant au 5e régiment de tirailleurs sénégalais, commandant le poste de Beni-Derkoul, a tenu en échec pendant 61 jours un ennemi ardent et nombreux, a conservé jusqu’au dernier jour un moral superbe, sans une plainte, sans un appel à l’aide. Le 14 juin 1925, submergé par le flot ennemi, a fait sauter son poste plutôt que de se rendre, ensevelissant à la fois sous les ruines les restes de sa garnison et ses assaillants. Mérite que son nom soit inscrit au livre d’or de l’armée comme l’exemple du devoir et du sentiment de l’honneur poussé jusqu’au sacrifice. Louis Hubert Lyautey, maréchal de France.
La 113e promotion de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr (1926-1928) porte son nom. Le lieutenant Pol Lapeyre est également le parrain de la Corniche du Lycée militaire de Saint-Cyr, composée des étudiants des classes préparatoires aux grandes écoles qui, chaque année depuis 1973 à l’occasion du 2S (cérémonie commémorant la bataille d’Austerlitz), assistent à la lecture de la citation à l’ordre de l’armée de leur parrain. Le 11 février 2021, un bâtiment modulaire a été inauguré au Lycée militaire et baptisé du nom de Pol Lapeyre.
Grades et distinctions : sous-lieutenant, 1923 ; lieutenant à titre posthume, 1925.
Campagnes : du Rif, 1925.
Récompenses : citation à l’ordre de l’armée, 1925.
Décorations : Ordre de la Légion d’honneur : chevalier à titre posthume, 1925 ; Croix de Guerre à titre posthume, 1925.
Les artistes
- Gabriel-Jean-Paul Moreau dit Paul Moreau-Vauthier (1871-1936), fils du sculpteur académique Jean-Augustin Moreau dit Augustin Moreau-Vauthier (1831-1893). Engagé au front pendant la Grande guerre, Paul Moreau-Vauthier compte à son actif de nombreux monuments aux morts ainsi que les bornes du Front dites « bornes Vauthier ».
- Gaston Petit (1890-1984), sculpteur élève du sculpteur académique Jean-Antoine Injalbert (1845-1933). Il expose au Salon des Artistes français dès 1913 et remporte la médaille d’argent au Salon de 1925 puis la médaille d’or au Salon de 1935. Il est l’auteur de nombreux monuments aux morts des guerres du XXe siècle
L'oeuvre
Le monument représente Pol Lapeyre au moment où il donne l’ordre de faire sauter son poste avancé. L’artiste a su rendre la détermination du jeune officier dans l’expression de son visage et le geste impérieux qu’il esquisse. Le monument, traité avec une grande lisibilité iconographique, est un résumé des derniers instants du combat. De part et d’autre d’un pylône de forme trapézoïdale, deux bas-reliefs complètent le récit, l’artiste ayant adopté le parti pris de la synthèse iconographique et de la lisibilité : à gauche, voyant approcher le moment de leur trépas, les assaillants prient, le regard tourné vers le ciel symbolisé par des nuages et par les rayons du soleil qui tombent jusqu’au sol, de part et d’autre du pylône ; à droite les survivants du 5e RTS affirment leur détermination farouche à suivre leur chef, ce que transcrit leur attitude offensive, le buste porté vers l’avant, ainsi que l’expression de leurs physionomie. Des raies de lumière et un nuage de fumée surmontant le pylône indiquent le déclenchement de l’explosion ordonnée par le geste du jeune officier. Ce monument, traité dans un style relativement dépouillé, rappelle les œuvres de Paul Landowski et d’Émile Bernard.
La sculpture de Paul Moreau-Vauthier représentait le sous-lieutenant Lapeyre en buste, les bras croisés sur la poitrine dans une attitude fière et brave. Son effigie, traitée en haut-relief, était inscrite dans un ensemble architecturé rappelant les monuments funéraires, comme s’il s’agissait de son tombeau ou, plus exactement, de son cénotaphe. Le socle représentait les décombres du poste qu’il avait fait sauter, avec l’inscription « Plutôt mourir ».
Sources et bibliographie
Sources :
- Documentation du Lycée militaire de Saint-Cyr.
Bibliographie :
- BÉNÉZIT, Emmanuel, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, Paris, Gründ, 1999 (14 vols.).
- LALOUETTE, Jacqueline, Un peuple de statues. La célébration sculptée des grands hommes (France 1801-2018), Paris, Mare & Martin, 2018.
Références Internet :
Auteurs de la notice
A. Dona ; F. Jaminais
Fiche sur la sculpture du Monument à Pol Lapeyre
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