Transformation de la Force opérationnelle terrestre

Elle s’appuie sur trois axes : les opérations, les capacités (capacitaire ou plus particulièrement les systèmes d’information et de communication), la ressource humaine. Pour les opérations, les évolutions les plus significatives sont la création du Commandement Terre pour l’Europe, la régionalisation des divisions et la sectorisation des brigades.

Force terrestre - Hélicoptère armée de terre

L’armée de Terre de combat est à la mesure d’un monde craquelé par le retour des logiques de puissances. Ce monde présente un potentiel technologique et humain exceptionnel, que notre LPM « de combat » donne les moyens d’optimiser. Pour les 77 000 soldats de la Force opérationnelle terrestre, le défi est simple : capitaliser sur ces opportunités pour être prêts, dès ce soir, dans toutes les configurations possibles, de la gestion de crise à un conflit majeur impliquant l’engagement d’une division. Pour y parvenir, un principe clé : la contextualisation. Il s’agit de cibler les scénarios d’engagement possibles pour y ajuster notre préparation opérationnelle et la programmation des unités. Un postulat : nous ne serons pas seuls. Opérer sur le territoire national ne se conçoit pas sans les services interministériels, comme il est très peu probable que nous n’agissions pas en coalition à l’étranger. L’interopérabilité doit devenir notre ADN.

 

Commandement de la force et des opérations terrestres

De commandement des forces terrestres (CFT) hier, à aujourd’hui commandement de la Force et des opérations terrestres (CFOT), ce corps incarne la finalité opérationnelle de l’armée de Terre « Agir ». Il se réorganise pour répondre aux évolutions du contexte, aux ambitions de l’armée de Terre dans les trois espaces stratégiques et aux défis que pose la profondeur opérative du champ de bataille. En poursuivant la montée en gamme de l’entraînement, il garantira pour 2027 l’aptitude des forces opérationnelles terrestres à générer une division haute intensité dans les délais de réactivité attendus tout en préparant l’ambition corps d’armée en 2030.

Partenariat de combat

Exercice - soldats

La puissance, c’est la capacité à intervenir seuls, mais à ne pas le rester. Hormis sur le territoire national, nos engagements futurs ne s’envisageront plus qu’en coalition. Toute opération d’envergure supposera la mise en oeuvre de véritables “partenariats de combat”, dépassant le simple cadre de la coopération : ils seront la clé du succès car ils permettront de concentrer la masse suffisante pour être durablement décisifs. Pour cela, une seule option possible : une pleine interopérabilité technique, tactique et humaine, car la masse sans la cohérence ne sert à rien. Ce défi ne se relève que par la pratique, et les forces terrestres le connaissent bien,  que ce soit au sein de l’Otan, en Afrique ou en Asie. Le programme CaMO est un modèle du genre : mené avec nos partenaires belges autour de la gamme Scorpion, c’est un des facteurs de la réussite  opérationnelle de la mission Aigle.

Régionalisation

Les divisions sont maintenant responsables d’un espace géographique pour une durée de trois ans (2023-2026). La division “Europe” (1re Division) va s’engager résolument dans les opérations en Europe et pourra travailler en profondeur les savoir-faire de la haute intensité. La division “Monde” (3e Division), sera face à des sphères d’influence plus diversifiées. L’enjeu pour les commandements est la supervision des travaux de leurs zones, tout en s’entraînant et en armant leurs projections. Avec la régionalisation, la projection et l’alerte ne seront plus décorrélées : une unité projetée dans un secteur spécifique aura aussi la charge d’armer un dispositif d’alerte régional pour “bondir” dans des délais extrêmement brefs. Les brigades vont alterner une année de projection au titre de leur secteur géographique. Ces nouvelles logiques ont un impératif majeur, la subsidiarité. Les unités disposent d’un maximum de liberté pour s’articuler en fonction de leurs missions.

Commandement Terre pour les opérations aéroterrestres en Europe

 L’armée de Terre se voit confier la création d’un commandement Terre pour les opérations aéroterrestres en Europe (CTE) à Lille au sein du CFOT. Cet état-major renforce la cohérence et la réactivité des déploiements opérationnels terrestres et devient un interlocuteur légitime de l’Alliance, de l’Union européenne et des pays partenaires. Le CTE exerce le contrôle opérationnel des unités Terre déployées en Europe et la cohérence de leur emploi quand elles sont placées sous l’autorité d’une organisation multinationale ou d’une coalition. Il joue également tout son rôle dans la planification et le déploiement des unités de l’armée de Terre et reprend l’intégralité des missions de soutien national du PC NCC.

Brigade nouvelle génération

Force terrestre - exercice

Le pivot de cette action est le niveau brigade interarmées (BIA). Elle concerne à la fois l’esprit dans lequel doit être conduite l’action, le commandement par objectifs et les moyens mis à disposition. La BIA décrit maintenant son organisation et adapte ses unités aux nouveaux enjeux (drones, renseignement, logistique, etc.). Le transfert direct des ressources de préparation opérationnelle vers les brigades en est les réalisations concrètes.

Commandement Alpha

 La nouvelle géographie du champ de bataille impose d’être performant dans la zone des contacts mais également dans la grande profondeur, où se joue la supériorité opérationnelle dans les premiers jours d’un conflit, parfois à des centaines de kilomètres de la ligne de front. Il faudra être solide dans la zone arrière, où circule la ligne de vie logistique, en particulier si le conflit dure et bascule de la haute à la longue intensité. En amont, en aval et sur les flancs, il faudra savoir surclasser l’ennemi par des actions hybrides. Pour garantir à la FOT l’ascendant dans ces trois espaces, il fallait des structures dédiées. Ce sont les commandements Alpha : le CAPR pour la profondeur, le CALT pour la zone arrière et enfin le CAST, pour l’influence et les actions indirectes et pour appuyer notre supériorité opérationnelle le commandement Tere du numérique et cyber (CTNC).

L'échelon national d'urgence

Face à l’évolution du contexte opérationnel, l’armée de Terre va mettre en cohérence son dispositif Guépard rénové avec la nouvelle posture opérationnelle Terre (régionalisation, sectorisation) pour constituer un dispositif robuste et réactif (préparation opérationnelle, alerte et engagement). L’idée est de permettre un engagement opérationnel adapté. Avec une soutenabilité accrue, nos structures d’alerte seront constituées de trois sous-ensembles :
– QRF 360° jusqu’à 1 GTIA renforcé en 48 h à 5 jours (capacité polyvalente d’entrée en premier comprenant toutes les capacités essentielles),
– Guépard intervention jusqu’à une brigade en 48 h à 7 jours (capacité d’engagement dans les 4 espaces stratégiques optimisant les forces déjà déployées).
– Alerte Terre Territoire national qui peut engager jusqu’au volume d’une brigade (promotion d’un nouveau concept d’emploi centrée sur une approche « missionnelle »).

Une réserve opérationnelle rénovée

 La prépa ops des soldats en unité sera optimisée en :

– valorisant la préparation opérationnelle métier et milieu en garnison,
– autonomisant les brigades dans des espaces d’entraînement dédiés mieux équipés,
– densifiant les préparations opérationnelles interarmes par des rotations niveau GTIA en centres d’expérimentation spécialisés,
– valorisant la mise en condition finale et la PO OME,
– capitalisant sur l’expérience opérationnelle.

Le renforcement de la logistique, des appuis génie et artillerie, des capacités drones et de cyberdéfense constitue le gain capacitaire majeur du nouveau modèle. Le modèle de réserve a été repensé afin de permettre une montée en puissance du recrutement de réservistes. La réserve va connaître une évolution profonde en appui de la force opérationnelle terrestre et de la protection des territoires. Pour 2024, il est déjà prévu un doublement du REO des réservistes, l’axe d’effort du ministère  des Armées étant d’avoir d’ici à 2030 1 réserviste pour 2 militaires d’active, soit 50 000 réservistes contre 26 000 aujourd’hui. L’augmentation forte du nombre de réservistes est une priorité de l’armée de Terre qui participe ainsi au renforcement de la résilience de toute la nation.

Prépa ops

Au coeur de la transformation des FT, la préparation opérationnelle (PO) a été repensée pour plus d’agilité, de diversité et de réactivité. Les standards opérationnels rénovés, détaillés dans le référentiel d’entraînement des forces terrestres, facilitent le suivi de la PO des unités pour mieux orienter les ressources selon les missions attribuées. Cette nouvelle politique se met en place dès à présent et atteindra sa pleine efficacité après les Jeux olympiques et paralympiques. Les trois prochains jalons de la PO des forces terrestres sont l’exercice BIA 23 qui consolidera la transformation Scorpion (6e BLB) ; Warfighter 25 (1re Div) dédié à l’interopérabilité divisionnaire avec les Américains et enfin Orion 26 qui consolidera notre capacité d’intervention rapide à deux BIA et ses appuis.

Mieux vivre l’opération et le quotidien

Le CFT a mené depuis l’autonome 2022 un travail d’identification, avec les grands commandements, de mesures concrètes pour donner plus d’autonomie aux chefs et à leurs unités. Certaines d’entre elles sont déjà initiées :
– Budget réactivité : chaque unité a été dotée d’une nouvelle enveloppe budgétaire, plus souple et réactive, dont l’emploi est à la main du chef.
– UCS/CCTS et BCQG 1 : il s’agit de renforcer l’autonomie et la réactivité des divisions et des brigades. À cet effet, elles vont disposer d’unités de soutien dédiées qui recevront des équipements logistiques acquis selon des procédures accélérées.
– Mise sous blindage des PC : une avancée opérationnelle identifiée dans la nouvelle LPM et qui a débuté pour les brigades de décision.
1. UCS : unité de commandement et de soutien – BCQG : bataillon de commandement quartier général.


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