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SecondesJournée d'étude "La maîtrise des flux, clé de la victoire ?"
La maîtrise des flux, clé de la victoire ? Mouvements d’hommes, de matériels et d’informations dans les opérations militaires, de la Grande Guerre à nos jours.
Une journée d’étude proposée par le département d’histoire de l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan
Présentation
Depuis février 2022, le conflit en Ukraine a contribué à (re)donner une certaine visibilité à la question de la gestion des flux – d’hommes, de matériels, d’informations... –, largement minorée ou passer sous silence durant deux décennies de conflits essentiellement asymétriques. Des files de véhicules russes bloqués sur des dizaines de kilomètres, faute de carburant, à la merci des frappes de drones ukrainiens, à la campagne d’interdiction des communications et de la logistique menée par l’Ukraine contre les forces ennemies à compter de juin 2022, grâce à la mise en œuvre de feux de précision à longue portée via les HIMARS fournis par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, les exemples ne manquent guère. Et l’on pourrait y ajouter, sans la moindre prétention à l’exhaustivité, et à des niveaux très différents, le ciblage récurrent du pont de Kertch en vue de compliquer le ravitaillement de la Crimée, le sabotage de trains transportant du carburant dans un tunnel indispensable aux liaisons ferroviaires entre Russie et Corée du Nord en Extrême-Orient russe revendiqué par l’Ukraine fin novembre 2023, les manœuvres de contre-mobilité du génie des deux parties, notamment contre les ponts, ou encore les actions contre le gazoduc Nord-Stream en Baltique. L’importance, lors de la première phase du conflit, des communications via le système Starlink, sans lequel, selon un général ukrainien interrogé par le Washington Post en juillet 2022, son pays « aur[ait] perdu la guerre », dit aussi que ces flux ne sont pas seulement matériels : les flux d’informations, de données, de signaux sont au cœur du conflit en cours, jusque dans les efforts pour les repérer ou pour les brouiller, entre guerre électronique et lutte anti-drone.
Pourtant, si la maîtrise de cette multiplicité de flux apparait, plus que jamais, comme un élément du succès pour les armées, tant à l’échelon tactique qu’aux niveaux opératifs ou stratégiques, la chose n’a rien de nouveau. Les exemples ne manquent pas, dans l’histoire militaire des 150 dernières années, des combats dont les enjeux, voire l’issue, tiennent à la capacité des acteurs en lice à maîtriser les flux ou, a minima, à perturber ceux de l’ennemi : de la « voie sacrée » qui, en 1916, fait de l’automobile « un outil indispensable de manœuvre » à l’importance prise, en Kapisa, par la Main supply route Vermont dans les opérations conduites par la TF Lafayette au cours des années 2009-2012, en passant par les défis logistiques imposés aux Alliés comme aux forces de l’Axe par la guerre en Afrique du Nord en 1940-1943, dans le désert certes, mais aussi sur mer, en Méditerranée ou dans l’Atlantique, et, pour une part, dans les airs. Le développement des transmissions est cependant venu donner une nouvelle dimension à la confrontation, du fait du caractère immatériel des échanges désormais concernés : la guerre est ainsi aussi, depuis le Premier Conflit mondial, celle des ondes, que l’on va chercher, selon les cas, à protéger ou perturber.
C’est à la question de la place de ces multiples types de flux dans les opérations militaires et, plus encore, à leur rôle dans le succès de ces opérations que cette journée d’étude voudrait s’intéresser. En dépassant une approche par « arme », en l’inscrivant dans la longue durée des conflits qui se sont succédés depuis le début du xxe siècle, en combinant études historiques et RETEX d’officiers ayant servi en opérations au cours des 20 dernières années, il s’agira aussi de contribuer au renouvellement en cours des problématiques de l’histoire militaire.
Organisation
- Yann Lagadec, MCF en histoire (yann.lagadec@st-cyr.terre-net.defense.gouv.fr)
- LTN Robin Marteau, instructeur en histoire militaire (robin.marteau@st-cyr.terre-net.defense.gouv.fr )
- LTN Elie Couellan, instructeur en histoire militaire (elie.couellan@st-cyr.terre-net.defense.gouv.fr)
Inscription
Inscription à l’adresse : JEFlux.AMSCC@gmail.com
Pour les personnes intéressées qui ne pourraient pas se rendre le 28 mars à l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, un lien vers une visio-conférence sera transmis.
Programme
Chaque communication durera 30 minutes et sera suivie de 10 minutes de questions.
- 9h00 : café d’accueil
- 9h30 : ouverture de la matinée par M. Frédéric Dessberg, chef du pôle Sciences humaines et sociales du Crec, président de séance
- 09h40 : Yann Lagadec (AMSCC), « En guise d’introduction : Maîtriser les flux, clés de la victoire ? Aux origines d’une interrogation »
- 10h10 : Agathe Couderc (CNAM), « « Maîtriser les flux immatériels pour gagner la guerre des ondes : renseignement technique et transmissions de l’Entente en guerre (1914-1918) »
- 10h50 : Jean-Marie Kowalski (Ecole navale), « convois et logistique portuaire américaine en 1917-1919 »
- 11h30 : Stéphane Taillat (AMSCC), « Les flux numériques : enjeux opérationnels et stratégiques »
- 12h10 : Repas
- 14h15 : CNE Corentin P. (7e RMat), « L’acheminement du matériel sur le champ de bataille : l’exemple des opérations Rondelle en Indochine »
- 14h55 : LCL Jérôme de Lespinois (CESA), « Le pont aérien, de la guerre civile espagnole à l’évacuation de l’Afghanistan »
- 15h35 : LCL Matthieu D. (AMSCC), « Les flux en opérations : une guerre de mouvement »
- 16h15 : Conclusion de la journée