Le cyber, un nouvel espace de bataille
L’enjeu du cyber est essentiel pour les élèves-officiers formés à l’AMSCC. Outre la sensibilisation croissante aux risques cyber, de la sécurité des systèmes d’information à l’empreinte numérique individuelle en passant par les opérations d’influence, il s’agit d’apprendre aux futurs chefs à maîtriser les enjeux de cet espace de bataille, à comprendre leur nécessaire intégration dans la manœuvre, et à contribuer, chacun à son niveau, à la lutte qui s’y déroule.
L’émergence de la dimension numérique dans la conflictualité contemporaine est un processus commencé dans la période post-guerre froide et qui se cristallise au début de la décennie 2010 dans la construction du cyberespace comme milieu de confrontation.
Cet enjeu se traduit notamment par la multiplication et la diversification des modes opératoires auxquels recourent les acteurs étatiques comme non-étatiques : vol de données, perturbation de systèmes d’information, compromission d’infrastructures essentielles, sabotage ciblé, opérations de propagande puis de désinformation en ligne.
Ces modes opératoires se caractérisent par une double convergence. D’une part, ils traduisent l’extension de la conflictualité au-delà de la distinction classique entre guerre et paix puisque les cyber opérations se déroulent principalement en dessous du seuil de la guerre et de l’agression armée. Leur utilisation dans le cadre des opérations militaires s’observe également dans des contextes opérationnels bien spécifiques, principalement en appui afin de façonner le champ de bataille. D’autre part, les modes opératoires de la conflictualité cyber montrent l’imbrication sous forme de symbiose entre des éléments techniques (le piratage de systèmes ou de réseaux d’information) et sociopolitiques (l’amplification de la désinformation ou des manœuvres d’influence sur les réseaux sociaux). À ce dernier processus, il faut ajouter les conséquences de la numérisation sur le champ électromagnétique, notamment à travers la prolifération des smartphones, qui redonnent de la pertinence aux procédés de la guerre électronique. Cette double évolution de la conflictualité se déroule en parallèle du processus de numérisation.
Ce dernier se traduit par l’imprégnation croissante des technologies numériques de l’information dans le tissu social, économique et politique. En découle un espace caractérisé par l’intrication des dimensions civiles et militaires dans la conflictualité, compliquant les distinctions classiques entre les catégories (paix et guerre, combattants et non-combattants, etc.).
Dans ce contexte, le gouvernement français s’est précocement doté de moyens permettant de protéger les services de l’État des atteintes à la cybersécurité avec la création de l’ANSSI en 2009. Le ministère des Armées s’est attaché à construire un organe permettant d’identifier, de structurer et de coordonner les capacités cyber offensives et défensives, d’abord par la création d’un Centre opérationnel Cyber au sein du CPCO en 2015, puis par la mise en place d’un Commandement pour la cyberdéfense (COMCYBER) en 2017. Cet organisme placé sous l’autorité du CEMA est responsable de la protection des systèmes d’information du ministère, de la conduite de leur défense (hors DGSE et DRSD) et de la conception, planification et conduite des opérations militaires de cyberdéfense. À cet effet, il s’appuie sur les unités spécialisées en cyberdéfense au sein des trois armées. Il bénéficie aussi des éléments de doctrine publiés en 2019 (lutte informatique défensive - LID et lutte informatique offensive – LIO) et 2022 (lutte informatique d’influence -L2I).
Au sein de cet ensemble se détache la plateforme établie à Rennes autour du Groupement de cyberdéfense des armées (GCA), chargé de la cybersécurité (protection et LID). Elle bénéficie des liens établis au sein du ministère des Armées comme avec le monde de la recherche ou de l’industrie au sein du bassin rennais et, plus largement, en Bretagne via le Pôle d’Excellence Cyber (PEC). La montée en puissance prévue en 2025 doit permettre d’augmenter l’intégration et la synergie des acteurs de la cyberdéfense. L’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, déjà présente au sein du PEC, est un membre à part entière de ce réseau rennais et breton, particulièrement via la formation continue dispensée au sein du Mastère spécialisé « cyberdéfense et champs immatériels » (2CI) en collaboration avec le GCA comme avec d’autres acteurs de la cyberdéfense militaire ou de la gestion civile des crises en matière de cybersécurité.
A la une
37e édition du Prix Turgot
La 37e édition du prix Turgot, qui récompense les plus grands auteurs de l'économie financière de ...
29 mars 2024
Le CReC est fier de compter un nouveau titulaire HDR dans ses rangs
L’AMSCC, le CReC et tous ses collègues civils et militaires félicitent M. Stéphane Taillat pour l'obtention de son ...
22 février 2024
Le CReC compte un nouveau titulaire de l'HDR dans ses rangs
L'Académie Militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, le Centre de Recherche de Saint-Cyr Coëtquidan et tous ses ...
06 février 2024