Fiche : Le monument aux Morts pour la France en opérations extérieures
Si elle ne s’y résume évidemment pas, la mort au combat fait partie intégrante de l’expérience combattante et suscite ainsi une mémoire particulière au sein de la Nation. Cette fiche a pour objectif de présenter le monument dédié aux soldats morts pour la France en opérations extérieures, inauguré le 11 novembre 2019 à Paris, en le replaçant dans l'histoire des monuments commémoratifs des conflits précédents, et singulièrement de ceux de la Grande Guerre qui en constituent l'archétype.
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Fiche : Le monument aux Morts pour la France en opérations extérieuresCe faisant, nous nous interrogerons sur les éléments de continuité et de rupture entre les monuments existants et cette dernière réalisation, ainsi que sur le devoir de mémoire envers les jeunes générations, dans lequel les OPEX doivent désormais prendre toute leur place.
Les monuments aux morts : une tradition civique et populaire
Bien qu'ils soient communément associés aux traditions commémoratives de la Première Guerre mondiale, les monuments aux morts relèvent en fait d'une pratique datant du dernier quart du XIXe siècle. L'association du Souvenir français, fondée en 1887, dont la devise "A nous le souvenir, à eux l'immortalité" figure sur de nombreux monuments, a contribué à cette époque au financement de monuments (qui pouvaient être de simples plaques gravées) rendant hommage de manière collective aux soldats morts lors de la guerre de 1870. Toutefois, c'est au lendemain de la Grande Guerre que ce mouvement mémoriel prend une ampleur réellement nationale, chaque commune se dotant d'un monument sculpté, d'une plaque, d'une stèle, destinés à porter les noms des "enfants du pays" qui ne revinrent jamais des combats. La loi du 25 octobre 1919 fixe le cadre normatif de cette vague de construction, actant par exemple le principe d'une subvention de l'État. Le processus s'ancre cependant dans une volonté d'abord populaire avant d'être une décision des autorités. Des commissions municipales sont constituées afin de préciser le cahier des charges et le montant alloué à la construction. De nombreux critères font l'objet d'études et de débats, dans un contexte marqué par une polarisation politique forte et le souvenir récent des tensions autour de la question religieuse. La statuaire (poilus ? civils ? allégories ? symboles ?), l'emplacement (dans un espace passant ou dans un lieu plus propice au recueillement ? près de la mairie, de l'église, dans le cimetière ?), les inscriptions (sobres ? grandiloquentes ? pathétiques ?), la tonalité d'ensemble (funéraire ? patriotique ? pacifiste ?) sont autant d'éléments qui, s'ils ne sont pas toujours faciles à interpréter aujourd'hui, renseignent sur les présupposés du message à véhiculer. Une fois édifiés, ces monuments sont les vecteurs d'un culte républicain rendu aux morts au combat, d'une "religion civique" au sens de Rousseau, rassemblant chaque 11 novembre associations d'anciens combattants, familles endeuillées, autorités, délégations militaires, enfants des écoles primaires, membres du clergé dans les régions les plus fortement marquées par le catholicisme, pour des cérémonies émaillées de discours exaltant le sacrifice et les vertus civiques des héros dont il s'agit désormais d'être dignes. A ces monuments municipaux, il faut par ailleurs ajouter des milliers d'autres, stèles érigées par les paroisses, les établissements scolaires, les administrations, les grandes écoles, les organisations professionnelles, les régiments eux-mêmes qui portent une mémoire particulière et sont disséminés dans de nombreux autres lieux du souvenir. Ce mouvement reste unique par la rapidité avec laquelle il naît et par son exhaustivité. Les conflits ultérieurs ne donnent pas lieu à un tel phénomène. Le second conflit mondial ajoute les noms des morts de la campagne de 1940, de la Résistance, des déportés, de même que les conflits en Asie et en Afrique du Nord des années 1950 et 1960. Pourtant, il n'est pas rare que des noms doivent être ajoutés, des oublis réparés. Après la guerre d'Algérie, les monuments semblent pour beaucoup achevés. Les guerres s'éloignent, le vocabulaire évolue. Les conflits ultérieurs sont souvent qualifiés par les médias d' "interventions" ou d' "opérations" et paraissent ne pas relever du même champ mémoriel. Les monuments municipaux deviennent des lieux, certes connus, mais auxquels ne se rattachent plus, pour une grande majorité de Français, une mémoire vive, charnelle.
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