L'opération Daguet (Guerre du Golfe / Irak-Koweït, 1990-1991) et le tournant de l'après-guerre froide
Sur un plan international, la guerre du Golfe, pour laquelle l’opération Daguet constitue la participation française, correspond à un moment de recomposition géopolitique alors que s’achève la guerre froide. Le processus de dissolution de l’URSS – cette dernière abolie en décembre de la même année – rend caduc le système international qui prévalait depuis la fin des années 1940, fondé sur la confrontation de deux superpuissances soutenues chacune par un bloc politico-militaire.
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L'opération Daguet (Guerre du Golfe / Irak-Koweït, 1990-1991) et le tournant de l'après-guerre froideDe ce tournant géopolitique sort finalement le « moment américain » des années 1990. L'intervention d’une coalition d’États menée par les États-Unis de George Bush Sr participe à la redéfinition d’un nouvel ordre mondial ; l'ordre bipolaire s’efface devant la capacité des Américains à faire régner le droit et l’ordre international, quitte à mobiliser des capacités propres sans commune mesure avec celles de ses alliés, tout en privilégiant une approche multilatérale de la gestion de crise.
Saddam Hussein, au pouvoir depuis 1979, cherche à profiter de l’incertitude géopolitique afin de sécuriser l’influence irakienne dans la région. Alors que le Moyen-Orient avait été l’un des théâtres des multiples conflits périphériques (proxies) de la Guerre froide, le dirigeant baassiste imagine qu’avec la fin du système des blocs, les regards se détourneront du Moyen-Orient et le champ sera libre pour que l’Irak y devienne la puissance principale. Par ailleurs, la fin de la guerre Iran-Irak (1980-1988) laisse des milliers de combattants irakiens au chômage, des matériels militaires en attente d’utilisation et des infrastructures à reconstruire. Cela conduit à une politique agressive et prédatrice par laquelle Saddam Hussein cherche à s’accaparer tout ou partie des ressources en pétrole de son voisin koweïtien, à s’assurer ainsi d’un meilleur accès au Golfe Persique et, accessoirement, à punir le gouvernement de Koweït City d’avoir refusé d’effacer l’importante dette irakienne (10 Mds US$, ce qui obère les capacités de reconstruction irakiennes).
Le 2 août 1990, les troupes irakiennes pénètrent en territoire koweïtien. Le même jour, l’ONU adopte la résolution 660 condamnant l’invasion et exigeant le retrait de ces troupes. Le 6, par la résolution 661, elle décide d’un embargo sur l’Irak. Le 8, l’annexion du Koweït est proclamée par le gouvernement irakien. Des milliers de ressortissants occidentaux sont pris en otage.
Pour la France, le choix de participer à l’intervention en Irak correspond à un attachement au respect du droit international, en particulier des frontières, que l’Irak a manifestement violé. Il s’agit aussi de porter assistance à un État victime d’agression et qui a solennellement demandé la réunion du Conseil de Sécurité. Se joue là aussi la place que la France tiendra dans le nouveau système international dans une région stratégique où elle a des alliés anciens. Enfin, le sac de l’ambassade de France au Koweït par les forces irakiennes le 14 septembre 1990 fournit un motif sans ambiguïté de réponse armée.
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