Fiche : l’opération Oryx en Somalie (1992 1993) : intervenir en situation de crise humanitaire
La crise traversée par la Somalie au début des années 1990 trouve ses racines dans le processus de mutation du pays après la phase de décolonisation.
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Fiche : l’opération Oryx en Somalie (1992 1993) : intervenir en situation de crise humanitaire.Contexte
L’État que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de « République fédérale de Somalie » s’est construit sur deux territoires sous tutelle coloniale à partir des années 1880 : un protectorat britannique (appelé Somalie britannique ou Somaliland) qui correspond à la partie nord du pays et un territoire sous tutelle italienne qui en comprend les parties centrales et méridionales. En 1960, ces colonies accèdent à l’indépendance et fusionnent pour former la « République de Somalie ». Cette dernière demeure néanmoins instable et, en 1969, le général Siyad Barré prend le pouvoir par un coup d’État. Il place résolument la nouvelle « République démocratique de Somalie » dans le bloc de l’Est et tente d’appliquer un programme de « socialisme scientifique ». Si des réalisations sont indéniables (réformes administratives, développement du système éducatif, nationalisations massives), la guerre contre l’Éthiopie en 1977-1978, visant à remettre la main sur la province de l’Ogaden, met un coup d’arrêt à ce projet de modernisation et fragilise l’autorité de Siyad Barré. Par ailleurs, elle est l’occasion pour la Somalie de découvrir la faiblesse du soutien soviétique, l’URSS s’étant rangée du côté éthiopien. Enfin, la déstabilisation des structures traditionnelles, induite par le mode de gouvernement de Siyad Barré, et un épisode de sécheresse sévère ont aggravé la famine endémique qui frappe le pays dans les années 1980. De nombreux mouvements d’opposition, aux logiques d’affrontements souvent claniques et territorialisées, sont fondés dans les années 1970-1980 (United Somali Congress, Somali National Movement, Somali Salvation Democratic Front, etc.) qui, dans une atmosphère de profond chaos, mettent Siyad Barré en fuite en 1991, laissant le pouvoir vacant. Deux concurrents se distinguent dans la conquête du pouvoir : le général Mohamed Farah Aidid, partisan d’une lutte ferme contre Siyad Barré, et Ali Mahdi Mohamed, ouvert à une négociation avec l’ancien dirigeant. Les deux hommes appartiennent au même clan des Hawiyés mais à des sous-clans distincts – les Haber Gedir pour Aidid et les Agbal pour Mahdi, illustration de l’opposition entre les nomades ruraux et les marchands citadins. Le Somaliland fait par ailleurs sécession, contribuant à la désorganisation de l’État. L’aggravation de la situation humanitaire et la couverture qu’en font les médias, suscitent une vive émotion dans l’opinion publique occidentale et poussent les grandes puissances et l’ONU à porter leur regard vers la Somalie dans un contexte international déjà marqué par la guerre du Golfe, pour laquelle les efforts militaires de la coalition, relatifs à l’importance des enjeux géopolitiques, sont conséquents.
La France, notamment sous l’influence du ministre de la santé et de l’action humanitaire, Bernard Kouchner, appuie un engagement en Somalie au nom du « droit d’ingérence humanitaire », notion qui renvoie au rôle international de la France comme pays promoteur des droits de l’Homme. De plus, dans le contexte de la recomposition géopolitique mondiale qui fait suite à la disparition de l’URSS en décembre 1991, la France entend équilibrer l’hyperpuissance des États-Unis en matière diplomatique et militaire, et ne se résigne pas à voir Washington agir seul dans cette partie de l’Afrique. C’est pourquoi, après l’opération Bérénice en janvier 1991, qui s’appuie sur les Forces Françaises de Djibouti pour procéder à l’évacuation des ressortissants hors de Somalie, l’armée de Terre se prépare à participer aux opérations mandatées par les Nations-Unies.
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