Les opérations extérieures de la France au Liban, de 1978 à nos jours
Si la présence de la France au Liban depuis une quarantaine d’années s’explique au premier chef par la nécessité de participer au maintien de la paix et de la sécurité régionales, elle plonge aussi ses racines dans une histoire pluriséculaire qui unit ces deux États par des liens culturels étroits. Au XIIIe siècle déjà, Saint-Louis s’appuie sur les chrétiens maronites dans le cadre de la VIIe croisade.
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Fiche : les opérations extérieures de la France au Liban, de 1978 à nos jours.Contexte
Si la présence de la France au Liban depuis une quarantaine d’années s’explique au premier chef par la nécessité de participer au maintien de la paix et de la sécurité régionales, elle plonge aussi ses racines dans une histoire pluriséculaire qui unit ces deux États par des liens culturels étroits. Au XIIIe siècle déjà, Saint-Louis s’appuie sur les chrétiens maronites dans le cadre de la VIIe croisade. Près de trois siècles plus tard, François Ier obtient du sultan Soliman le Magnifique, outre des privilèges commerciaux en Turquie, le droit de protéger les chrétiens présents sur le territoire de l’empire ottoman, pèlerins mais aussi résidents. Ce statut de protecteur des chrétiens d’Orient s’affirme encore sous le Second Empire. En 1860, les troupes de Napoléon III interviennent au Liban pour défendre les chrétiens maronites, victimes de violences de la part des Druzes. L’année suivante, la France négocie avec les Ottomans un statut spécifique pour ce qui n’est alors que le Mont-Liban, lequel doit désormais être administré par un gouverneur chrétien. Elle lance ensuite une vaste politique scolaire prenant appui sur les congrégations catholiques, ce qui complète sa présence militaire par une influence culturelle et politique accrue. L’Empire ottoman s’étant rangé aux côtés des empires centraux lors de la Première Guerre mondiale, la IIIe République dépêche une escadre pour lui imposer un blocus le long des côtes méditerranéennes. À la chute de l’Empire ottoman, les Français obtiennent la tutelle sur le Liban et la Syrie par le biais des mandats déterminés à la conférence de San Remo. En 1920, le général Gouraud, haut-commissaire exerçant la tutelle française sur place, proclame le « Grand-Liban », répondant au souhait des maronites mais mécontentant l’émir Fayçal qui espérait l’unification des populations arabes de la région dans une « Grande Syrie ». Si la constitution libanaise entre officiellement en vigueur en 1926, la tutelle française reste cependant forte dans l’entre-deux-guerres et ce n’est qu’en 1943, après que le Liban a été le théâtre d’affrontements entre les forces vichystes et les gaullistes, que le général Catroux proclame l’indépendance. S’ensuit une transition difficile durant laquelle les Britanniques cherchent à réduire l’influence de Paris dans la région. Les troupes françaises quittent finalement le pays en 1946 mais l’attachement de la France au Liban n’en reste pas moins fort.
Les tensions qui aboutirent à l’intervention de troupes étrangères pour maintenir la paix au Liban à partir de 1978 sont le fruit de difficultés géopolitiques accumulées depuis l’époque des mandats. Le découpage des États sous la tutelle française n’a pas satisfait, nous l’avons vu, une partie des populations qui espéraient la constitution d’un vaste État syrien, qualifié de « Grande Syrie », de manière à unifier les populations arabes de la région. Le choix d’une « Petite Syrie » et d’un « Grand Liban » a induit un mécontentement durable dont la politique syrienne des années 1970 est en partie le reflet. Outre la question du découpage territorial, celle de l’influence respective des différentes puissances régionales (Syrie, Iran, Egypte, Israël, Arabie Saoudite, Jordanie) est également cruciale. De la même façon, le Liban est l’un des nombreux théâtres d’affrontements des deux Grands par alliés interposés durant la Guerre froide. Par ailleurs, le Pacte national de 1943 introduit le principe de la confessionnalisation de la vie politique en distribuant les responsabilités politiques aux différentes communautés : la présidence de la République revient aux maronites, la présidence du Conseil aux sunnites, la présidence de la Chambre des députés aux chiites et la vice-présidence du Conseil aux grecs-orthodoxes. L’élément déclencheur des tensions reste néanmoins la présence sur le territoire libanais de réfugiés palestiniens et de combattants de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) dès le premier conflit israélo-palestinien de 1948-1949, et de manière accrue à partir de Septembre Noir en 1970.
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