L’intérêt de la zone Indopacifique pour les forces terrestres françaises

L’Indopacifique est un espace géographique maritime, aérien et terrestre animé par de nombreuses intéractions. La France y dispose d’une zone économique exclusive de neuf millions de kilomètres carrés, dans laquelle sept mille militaires sont déployés de manière permanente sur cinq bases (La Réunion, Djibouti, Abu Dhabi, Nouméa et Papeete).

La zone indopacifique © Abrahamic Faiths/Domaine public Wikipedia

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L’intérêt de la zone Indopacifique pour les forces terrestres françaises

Mis à jour : 13 octobre 2022.

 

Par : Margaux Chopin, rédactrice au pôle études et prospective (PEP).

 

La France est en effet soucieuse de contribuer à la sécurité des routes maritimes (sur lesquelles transite un tiers de son commerce extérieur hors commerce intra-européen) et des territoires sur lesquels elle a des intérêts. Dans ce cadre, elle a notamment été à l’initiative de l’opération européenne Atalanta (lutte contre la piraterie) dans le golfe d’Aden. De nombreux exercices bilatéraux ont également lieu à l’image de l’exercice Shakti avec l’Inde dont l’objectif est d’échanger les savoir-faire et de consolider les liens d’amitié entre les deux pays.

  1. État des lieux.

La France s’est dotée d’une vision politique et stratégique pour l’Indopacifique dès 2012. Celle-ci contient une forte dimension maritime reposant sur quatre piliers : la politique maritime nationale, la permanence de la gouvernance maritime, le droit maritime international et un ministère consacré à la mer.

Actuellement, plusieurs acteurs mobilisent le concept d’Indopacifique dans leur doctrine : l’Australie, les États-Unis, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, le Royaume-Uni et la France. Trois types de vision émergent : l’influence projective essentiellement portée par la diplomatie (États-Unis et Japon), l’inclusivité construite autour d’un discours régionaliste (Inde et Indonésie), et une vision mixte se situant entre le renforcement de la coopération régionale et la projection d’influence (Australie et France). Dans ce cadre, la France s’appuie « sur le renforcement de partenariats stratégiques bilatéraux et sur la promotion d’un dialogue régional multilatéral ». Elle développe une stratégie tournée vers le statut de nation maritime majeure et d’État riverain d’un espace mondial stratégique.

Comme le rappelle le ministère des Armées, « L’Indopacifique consiste, pour la défense française, en un ensemble géopolitique étendu de Djibouti à la Polynésie ». En tant que puissance souveraine de la région, la France contribue ainsi aux efforts de sécurité et de paix.

L’intérêt croissant pour cette région est avant tout porté par des personnalités politiques françaises et des chefs militaires. Au niveau national, le président Emmanuel Macron a ainsi été le premier à introduire le concept « d’Indopacifique » dans la sphère politique en 2018 à l’occasion de voyages, en Inde puis en Australie. La même année, il détaillait sa volonté aux ambassadeurs afin qu’ils appliquent la stratégie française « de manière résolue, ambitieuse et précise ». Le 14 juillet 2020, le Président a de nouveau rappelé l’enjeu que représente la réflexion militaire sur l’Indopacifique. Parallèlement, la ministre des Armées Florence Parly a décliné cette orientation à l’occasion du Shangri-La Dialogue le 1er juin 2019. Dans le même temps, l’intérêt que la France porte à la région Indopacifique était réaffirmé ; elle est le dernier pays de l’Union européenne à y être présent depuis le Brexit. Cette présence française semble se justifier à plusieurs égards : tout d’abord, du fait des deux millions de ressortissants français, ensuite par les routes commerciales stratégiques que compte la région et enfin, pour contrer l’expansionnisme de la Chine. Pour finir, l’ancien chef d’état-major de l’armée de Terre, le général d’armée Thierry Burkhard, soulignait devant la Commission de la défense nationale et des forces armées, en octobre 2019, la nécessité de renforcer les moyens matériels des forces de souveraineté en jugeant qu’ils ne sont actuellement « pas à la hauteur de notre coopération avec les Australiens ».

 

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